“Le chiffre du Chant”
Ce qui scande les toiles de Nelly Quillérou est dans le ton, le rythme de la métaphore. Au trait de l’écriture, elle répond par l’acuité du fusain, son noir poudreux. Au blanc des mots et de leur silence, par le blanc de la toile, rendu profond, imposant. C’est un double combat qui se joue dans cette épreuve – peindre est toujours une initiation, une épreuve - l’un, entre figuration et abstraction. L’autre, entre le corps et le signe.
La décision de peindre une série de la divine comédie n’est pas innocente : nous sommes à la charnière du Moyen-Âge et de la Renaissance, de la représentation du corps confrontée à la naissance de la perspective.
Si quelqu’un doit mourir, c’est l’autre, l’ancien moi. Cette tension du choix ne s’est jamais résolue par une décision franche, définitive. Mais plutôt par un travail intérieur dont cette série témoigne. Ce qu’il s’agit de transformer c’est le langage pictural lui-même, non par une décision sociale, historique, de mode ou d’influence. Mais du dedans.
Partant du lyrisme et de la sensualité poétiques des Chants, comme de sa propre peinture, Nelly Quillérou monte à la recherche d’un regard sur le vide à travers deux expressions. L’une par le corps, sans couleur, sans surface, mais nommé par le trait, la caresse, comme une nostalgie du brouillard, de la perte de soi dans l’enfance. L’autre plus violente, comment dire – cosmique - ? – alors le cercle, le carré long et le triangle se chargent d’une matière qui n’en est pas une, une sorte de trou noir, d’effondrement infini de la matière. En choisissant de titrer ses toiles uniquement par le chiffre du chant, Nelly Quillérou met en scène le dépouillement de sa relation à l’espace et au temps. C’est à dire sa propre quête de l’unité
Dominique Sampiero
En 1992, il reçoit le prix Max-Pol Fouchet pour 'La Vie pauvre', un recueil de poésies. Il est d'ailleurs membre de la commission Poésie au Centre national du Livre depuis juin 1996. Auteur de l’espace du poème”, entretien avec Bernard Noël. Co-auteur avec Bertrand Tavernier du film “ça commence aujourd’hui”
Côté romans, il est l'auteur de 'Le Dragon et la ramure' et de 'Lumière du deuil', respectivement parus en 1996 et 1997. Dominique Sampiero corédige avec sa femme Tiffany Tavernier, 'Holy Lola', qui raconte les péripéties et le combat d'un couple français qui part au Cambodge adopter un enfant. L'adaptation cinématographique, signée Bertrand Tavernier, paraît sur les écrans, en Novembre 2004. En 2006 sort 'La Petite Présence' chez Grasset.